Les JIC d'ailleurs

 

L'Inde,
l'Italie,
l'Indonésie,
Kenya

les Etats Unis,
Royaume Uni, Monaco...

Hautes-Alpes,
Aix en Provence,
Saint-Urcize,

Châtres-sur-Cher.



Les JIC venus d'ailleurs...
d'autres villes
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Vous voulez nous d'ailleurs


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Monaco

Mercredi 13 novembre 2002, 19 heures.
Monaco.


Une foule est rassemblée au 1er étage du Musée Océanographique : faune hétéroclite. Des hommes de tout âge, en costumes foncés et décorations cousues sur le revers de la veste ; d'autres moins nombreux, décontractés en blousons ; des femmes très soignées : maquillées, coiffées et manucurés, en manteaux de fourrure blanc et mini robe lamée rouge ou tailleur noir strassé, yeux écarquillés et lèvres siliconées.
Tout en parlant fort, chacun en arrivant se joint à un groupe : femme aux cheveux gris en chignon serré ou hommes avec cocarde ou personnel portant le badge du musée.
-" Ah, vous ici ! "
-" Vous savez bien que je suis toujours là quand il y a à boire et à manger ! "
L'homme qui vient de parler a un gros ventre une grosse boucle retombant sur son front.
Un homme âgé, aux yeux bleus très doux et souriants porte autour du col de sa chemise un lacet de cow-boy serré par une broche décorée de turquoises, à sa ceinture une grosse plaque de métal avec une tête d'indien ; il parle avec une blonde coiffée avec pleins de frisettes sur sa queue de cheval.
-" Mais oui, Margaret, j'ai ramené toute mon exposition de Lausanne, maintenant elle est dans ma cave ! "
-" Comme c'est dommage ! " répond-t-elle avec un fort accent.
Soudain, un silence, suivit d'un murmure se propageant :
" Le Prince est là ! ".


 

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Inde

28 janvier 1998, 17h39.
Bombay, gare de Churchgate.

Le train du quai numéro un va bientôt s'ébranler en direction de la banlieue nord de Bombay.
Sur le wagon de queue, a la peinture blanche, est écrit "women only".
Il n'y a pas de portes mais des grillages aux fenêtres.
Le bruit des conversations à voix graves ou flûtées est assourdissant. 
Le wagon se remplit de saris colores (des jaunes oranges, des verts et dorés, des mauves et violets), de longues chemises à fleurs, brodées ou a miroirs. Les nouvelles arrivantes demandent systématiquement aux femmes assises de leur céder leur place en leur demandant à quelle station elles descendent. Sans succès.
Le train part finalement. Des grappes d'hommes dépassent des autres wagons bondes. Chez les femmes, il y a encore la place de bouger un peu. Des mains se touchent, se posent sur des épaules ou des bras. A Marine Lines, la gare suivante, d'autres femmes montent et les corps se serrent. Une femme ronde en sari bordeaux a motifs cachemire demande à la seule femme aux yeux bleus du wagon où elle descend. - "Bandra", répond celle-ci.
- "Bandra?, répète la première avec un claquement de langue. So you'd better move towards there otherwise they won't let you go out."
A Grant Road, des éclats de voix aigus se détachent soudain des craquements et grincements du train. Une femme dont la tête est enserrée d'un voile vert sombre invective une autre en longue chemise rose brodée. Cette dernière s'accroche avec énergie a la poignée au-dessus de sa tête pour ne pas être entraînée par le mouvement puissant des corps qui s'entassent. Plusieurs femmes assises ou debout tricotent avec des laines roses ou bleues.
Les bras pendus aux poignées portent des bracelets colorés : 10 verts entourés de 2 dorés, des verts et dorés alternés, des violets et dorés. Une jeune fille en longue chemise a miroirs caresse doucement le dos de celle qui est assise devant elle. La lumière orange de la fin d'après-midi se répand sur les visages près de l'ouverture ouest du train. Tous sont agrémentés de points rouges entre les sourcils et de bijoux dans la narine gauche.
Les dizaines de ventilateurs accrochés au plafond brassent l'air chaud et moite de sueurs mêlées. A la station suivante, des cris perçants s'élèvent : un homme se faufile dans le wagon.
La pression des corps les uns sur les autres augmente. La femme au sari à motifs cachemire interpelle à nouveau la jeune femme aux yeux bleus et à la peau claire. - "You must go this way! dit-elle en la poussant légèrement. Otherwise they won't let you out, you know, Bandra is the next stop."
Cinq bonnes minutes plus tard, le train s'arrête et les corps commencent à se tendre, se tirer, se contorsionner pour passer entre la barre métallique centrale, les corps fermement accroches des femmes qui ne descendent pas à Bandra et ceux de dehors qui se sont déjà lancés à l'assaut du wagon. Les sacs se perdent dans les replis, les seins se compressent, les pieds s'écrasent en cherchant la sortie. Sur le quai, des centaines de personnes debout au milieu des tas de gravats regardent, impassibles, la scène qui se répète devant chaque wagon. Dans les escaliers, une foule compacte descend par la droite, croisant une autre foule compacte montant par la gauche, vite fendues par ceux qui se sont mis à courir.
Sur le parvis de la gare, bloquant partiellement les accès, des dizaines d'hommes en blanc, coiffés d'un calot blanc sont agenouillés en position de prière. "Allah akbar" chante une voix amplifiée par des haut-parleurs. Seule une corde blanche tendue entre des chaises séparent les hommes immobiles de la foule en mouvement.
 

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Indonésie

Lundi 12 avril 1999.
Café santai, Sanur.

Trois blonds aux torses nus roses et athlétiques, deux néanmoins avec des poignées d'amour, tapent furieusement à trois ordinateurs. De temps en temps, ils agitent la souris et sourient. De temps en temps un des trois se fout une claque sonore, comme un schlak! de viande contre viande, la main ouverte contre sa cuisse ou son bide. Derrière eux un quatrième type, svelte et souriant, surveille avec des regards noirs leurs gestes. Il intervient gentiment, de temps à autre. Il crie quelque chose au sujet de "obat bakar".

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Avril 1999.
Kalimantan.


Le groupe de femmes et de jeunes hommes chante des chansons d'église indonésiennes en s'accompagnant d'une guitare. Jésus et Dieu y sont fréquemment mentionnés. La forêt est dense, la maison sur piloti éclairée à la lampe tempête. Les bruits d'insectes et d'oiseaux presque couvrent les chants mielleux. Au bout d'une heure, un jeune prend sa guitare et s'adresse à une femme occidentale qui fait parti du groupe: - Mais vous n'en connaissez aucune? - Non, pas vraiment. - Il y a alléluia pour le royaume des cieux, c'est très connu... - Non... - L'ange sauve ceux qui croient, tout le monde sait ça.. - C'est malheureux, mais je ne la sais pas non plus. - .Attendez, j'ai entendu une chanson "hollandaise" dans sa langue, je l'aime beaucoup. J'y ai mis des paroles pour chanter les louanges de dieu. Et il attaque "sympathy for the devil", avec tout le groupe éclairé par la lampe tempête qui suit lors des "hou-houuu".
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Italie
Mardi 1 janvier 2002.
Sortie d'autoroute Padova-Ouest, 4h30.
Laissant la lumière délicate de la pleine lune pour le blanc sans demi-teinte des lampadaires, les voitures quittent l'autoroute et se coagulent doucement devant l'unique péage ouvert, formant une queue matinale. Quelques vitres se baissent et des visages fatigués se penchent dehors pour scruter la barrière; des musiques à des volumes divers s'échappent alors des cabines chauffées.
"Ca fait trois soixante" dit l'employé à une femme dans une Mégane verte.
"Dix milles, ça suffit?"rétorque la femme au volant tout en lui tendant un billet.
"Oui, je crois".
"Vous voulez une Fsherman?"
"Volontiers, j'en ai besoin."
"Tenez."
"Donc. Si vous me donnez dix milles et ça fait trois soixante... je vous rends... trente."
"Trente...?"
"Trente cents".
"Vous voulez dire centimes."
"C'est ça".
"Ah, c'est jaune."
"Ne me dites pas que ça fait drôle."
"J'ai dit jaune, pas drôle."
"Plus que deux heures et demie"
"Allez, j'y vais. Je vous laisse une autre Fisherman?"
"Merci, c'est gentil"
"Bonne année!"
"Bonne année à vous aussi!"

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Le 25/04/2001, 3 heures du matin.
Gare de Milan.

Sur un banc de pierre, entre deux voies, protégées par un toit de béton soutenu par des piliers, un homme seul barbu, tout en noir, 33/ 37 ans, son sac noir à côté de lui sur le banc, fume et regarde face à lui, une jeune femme blonde appuyée à une fenêtre ouverte, dans un train couchette arrêté, 1 m 70 environ, 20/ 24 ans, tee-shirt vert bouteille, caleçon d'homme rouge et blanc à carreau, pieds nus, elle regarde sans bouger l'homme en noir …
3 h 04 : une minuscule voiture monoplace électrique conduite par un employé de la gare passe derrière l'homme tout en noir et disparaît au lointain. La jeune femme et l'homme tout en noir continuent de se regarder…
3h 07 : le train démarre très lentement, l'homme tout en noir se lève ramasse son sac et marche dans la direction que le train a pris.

 

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Jeudi 3 juin 1999, 12h30.
Vicenza, Piazza dei Signori. Jour de marché de fringues, lingerie, objets pour la maison et la cuisine et plantes.

A l'ombre du cul d'une dame occupée à fouiller dans des tas de t-shirt, un petit garçon d'environ trois ans regarde un gros bébé assis dans sa poussette. Sans le lâcher des yeux, il s'approche de lui et lui passe un bras autour du cou. Voilà les deux enfants joue contre joue. Une minuscule petite vieille regarde et sourit. Le bébé est devenu tout rouge et émet un râle étouffé. Le petit garçon presse sa tête contre la bouche du bébé et continue de serrer. La petite vieille arrête de sourire et crie. La foule du marché s'ouvre, les regards se retournent, une jeune femme se précipite sur le bébé qui a récupéré tout son souffle et en fait un large usage, la première femme tourne son cul vers les t-shirt et un regard furieux vers le petit garçon. Elle l'atrappe et le sécoue en lui sifflant entre les lèvres pincées :
- Arrête, ce n'est pas ton frère, tu comprends ?

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Kenia

Samedi 14 février 1998
Nairobi / Kenya

Sur le bas-côté en terre un jeune homme est couché par terre sur le dos, le bras sous la tête. Il est immobile. Il est habillé de haillons sales et ne porte pas de chaussures. Autour de lui, les gens passent, discutent, rigolent. A deux pas de l'homme, des femmes et des enfants attendent sous un Abribus en tôle. De temps en temps, ils jettent un regard sur l'homme. Les voitures circulent dans un fracas assourdissant. En face, deux hommes marchent l'un à côté de l'autre. Celui à cheveux court dit : " Cette homme est mort !". Son compagnon lui répond " Oui, regarde les Flying Doctors sont là " en lui montrant du doigt un minibus estampillé de ces lettres. Deux hommes en blouse blanche appuyés sur le minibus discutent nonchalamment en fumant une cigarette. L'embouteillage serpente doucement, la foule vaque à ses occupations et le jeune homme reste étendu en travers du trottoir.

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Etats Unis
29 mai 1999, vers 23 heures.
Hôtel Waldorf-Astoria, New-York.


Dans les escaliers qui mènent aux salons privés, une femme aux cheveux blancs marmonne : " j'en ai assez ! j'en ai assez ! ". Un jeune homme, tee-shirt blanc, jean troué et sac à dos vert pomme lui dit poliment : " quelque chose ne va pas ? ". Elle, d'un ton soudain enjoué : " Ah ? Vous parlez français ? Je cherche la réception. J'ai oublié le numéro de ma chambre. Ca fait deux heures que je cours. ". Lui : " C'est un grand hôtel ". Elle : " Oh oui ! Ca vous pouvez le dire ! Il est bien trop grand ! ". Et de reprendre sa plainte : " Mais où est la réception ? ". Lui : " Je ne sais pas, je visite, mais je pense que c'est par là ", fait-il en montrant du doigt le bas des escaliers. Il guide la vieille femme. Arrivés à une intersection de couloirs, elle dit : " Mais elle était là, tout à l'heure ! ". Lui : " Non, c'est la grande salle éclairée là-bas. ". Ils se séparent, elle marchant à toute vitesse. Avisant un groupe de femmes âgées arrivant en sens contraire, elle se précipite sur elles, en faisant : " hé les filles, vous savez pas où est la réception, ça fait deux heures que je cherche, j'ai oublié le numéro de ma chambre ! ".
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Royaume Uni
Londres, samedi 20 octobre 2001.
Métro Northern line , Leicester station, 18 heures.
Une jeune fille, jeans noirs et blouson en skaï noir, tenant quatre énormes ballons dorés et argentés sur lesquels est écrit:"HAPPY ENGAGEMENT"est assise dans le compartiment du métro. Face à elle, une plus jeune fille aux joues et aux cheveux roses attachés en deux petites couettes grâce à des petits papillons roses. A côté d'elle, un jeune homme aux cheveux noirs hérissés est tout vêtu de cuir noir.
Se tenant à une barre, une fille rousse, debout : mini jupe écossaise plissée et débardeur en filet noir, elle a des collants résille noirs déchirés, une grosse montre rouge en relief et des bagues à chaque doigt.
Plus loin, à une autre barre se tient une jeune femme aux yeux entourés d'un halo de maquillage gris avec deux pompons de fourrure grise dans les cheveux et à son cou un collier de cuir avec des piques de fer.
Assis à ses cotés, un homme en tenue sportive noire, dont le blouson ouvert laisse apparaître un tee-shirt avec des barres métallisées. Il a des cheveux longs sur le dessus de la tête resserrés par une chaîne de vélo, autour son crâne rasé.
Un jeune homme noir dort sur le siège voisin.
A la station "Camden", un groupe entre : tous ont les cheveux hérissés noirs ou platines, filles ou garçons confondus, ils sont de noirs vêtus, ongles peints en noir aussi et leurs visages sont blafards accentués par des lèvres d'un rouge grenat, trois d'entres eux ont des serres têtes avec des petites cornes rouges qui clignotent. Ils parlent et rient.
Une jeune noire, lèvres dorées, ongles dorés et petit sac doré, vient s'asseoir à côté d'un adolescent avec une houppette orange qui dort affalé sur son siège.
Deux stations plus loin, le wagon se vide, seules une grand'mère asiatique et sa petite fille, restent, somnolentes.
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